"Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Vous avez, Monsieur le Président, choisi le Maroc comme l’une des premières destinations pour vos déplacements hors du Sénégal depuis votre élection à la présidence de la République.
Ce choix qui m’honore, honore mon pays et l’ensemble du peuple marocain, exprime votre volonté, Monsieur le Président, au-delà des hasards du calendrier et des contraintes de nos engagements respectifs, de voir privilégiées l’entente et la communion d’esprit qui, tout au long de l’histoire, ont caractérisé les relations entre le Maroc et le Sénégal et présidé à leur action commune en faveur de plus de fraternité et de compréhension entre les hommes et les nations.
Par ce choix, sont mises en valeur, Monsieur le Président, l’originalité, l’intensité, la profondeur et l’intangibilité que le Maroc et le Sénégal ont su imprimer à leurs rapports, rapports qu’ils ont tenu à construire dans la durée, à consolider et à parfaire dans l’amitié, à préserver dans la sérénité quels qu’aient été les circonstances ou les aléas de l’histoire événementielle dans le continent africain ou dans le reste du monde.
Mon Auguste Père, feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde, aimait souvent rappeler que nos deux pays ont en commun une capacité naturelle à épouser spontanément les mêmes causes, à défendre les mêmes valeurs, à affirmer les mêmes idéaux, a en appeler à la même éthique.
Cela, Monsieur le Président, s’est confirmé quand, ensemble, il fallait lutter contre l’oppression et pour la liberté, dans toutes les batailles qui ont jalonné le siècle qui vient de se terminer. Cela s’est aussi imposé à nous, quand sur notre continent, il fallait faire prévaloir les valeurs de paix, de stabilité, de progrès, de dignité, et faire respecter et prendre en compte l’inaliénable intégrité des peuples et des territoires.
Mais cette spontanéité dans la communion, Monsieur le Président, le peuple marocain et le peuple sénégalais ont toujours su, savent toujours la faire vibrer à l’unisson par une évocation culturelle souvent émouvante de leurs destins croisés, aux confluences de leurs racines communes, et que les rythmes et les rimes de nos musiciens et de nos poètes aiment à faire fusionner, au-delà des différences, dans une même quête de l’identité, d’une identité accueillant l’autre dans sa singularité et son enrichissante diversité.
Monsieur le Président, si j’ai tenu à évoquer la dimension culturelle de nos relations, c’est parce que ma conviction est forte que cette dimension est non seulement la trame et la charpente qui soutiennent et ancrent les fondements de notre coopération, mais parce qu’elle en éclaire surtout la légitimité et donne à notre solidarité, vécue dans le quotidien, une densité humaine à toute épreuve.
C’est dans cette solidarité agissante qu’aujourd’hui le Maroc et le Sénégal, peuvent, Monsieur le Président trouver et apporter leur réponse à d’autres défis, en particulier celui de l’art du possible dans l’acte politique, quand ce possible doit, dans nos deux pays, s’exprimer avec éclat par l’enracinement de la démocratie, la solidité des institutions, et par la sereine maturité des acteurs du jeu démocratique que viendraient confronter la sagesse exemplaire de nos deux peuples et leur tranquille détermination.
Cette solidarité nous encouragerait à faire encore mieux et encore plus, pour nous rapprocher d’un objectif qui devrait plus que jamais constituer pour nous une impérieuse priorité : celui d’œuvrer inlassablement pour un développement économique qui embrasserait un autre rythme, aurait une autre ampleur et qui s’appuierait sur d’autres formes de partenariat aussi bien sur le plan régional qu’international.
C’est dans cette stimulante perspective, Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs, que le Maroc et le Sénégal peuvent contribuer à donner crédibilité et réalité à une approche plus créative, plus ambitieuse, pour instaurer un codéveloppement novateur débarrassé des résidus d’une stratégie dépassée, et qui ne doit plus être exclusivement celle qui se cantonne dans l’assistance à des économies fragiles ou fragilisées.
aujourd’hui, Monsieur le Président, il nous faut faire place à une logique différente : celle d’une insertion plus équitable, plus responsable, plus durable de nos économies dans les flux industriels, commerciaux et financiers qui déterminent de façon souvent décisive nos chances réelles de croissance.
Je ne pense pas la, Mesdames et Messieurs, uniquement aux seules conséquences de la mondialisation que nous devons par ailleurs nous efforcer à mieux comprendre pour mieux en maîtriser les ressorts. Mon propos s’inscrit en fait dans la recherche qui reste malgré tout encore laborieuse, d’une définition renouvelée, réactualisée, et par conséquent, plus moderne et moralement plus acceptable, des relations du continent africain avec le monde industrialisé.
Dans cette réactualisation, nos pays, ouverts et mieux préparés à un partenariat renouvelé pourraient être un atout décisif pour consolider et élargir le rebond des économies européennes et cette croissance retrouvée devrait naturellement se prolonger chez nous, redonnant toutes ses chances à un cadre global de coopération où le politique, l’économique, le culturel et le stratégique sauront trouver leur place et leur équilibre.
Cette approche n’aurait de sens que si elle était naturellement accompagnée par un soutien actif d’une communauté internationale qui aurait décidé de prendre en considération les réalités et les spécificités de notre continent. Dans ce contexte, le Sommet Afrique-Europe qui vient de se réunir au Caire, constituerait une première étape pour une perspective plus prometteuse des relations avec nos partenaires européens.
La relance du processus de paix au Moyen-Orient que nous appelons de tous nos vœux et pour laquelle nous demeurons mobilisés, peut évidemment accélérer et favoriser cette mutation.
Notre conviction à cet égard se fonde, vous le savez, Monsieur le Président, sur l’exigeante nécessité d’une paix juste, globale et pérenne, basée sur la légalité internationale, le respect intégral des engagements pris, garantissant le retrait total des troupes israéliennes de tous les territoires arabes occupés et l’émergence d’un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Al-Qods Acharif.
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
En vous disant une fois encore combien nous sommes heureux de vous reçevoir ainsi que tous les membres de la délégation qui vous accompagne, je voudrais vous assurer, Monsieur le Président, de mon engagement personnel et de celui de mon gouvernement pour continuer à faire des relations entre le Maroc et le Sénégal, des relations d’exception et qui soient à la hauteur des attentes et des atouts de nos deux peuples.
S’il faut, Monsieur le Président, conclure mon propos qui se veut tout sauf un discours de circonstance, c’est en portant témoignage de l’inestimable amitié qui nous lie, et en affirmant que votre séjour parmi nous, s’il en est le symbole, en est aussi le garant et qu’il illustre parfaitement la fraternité séculaire qui a toujours animé notre coopération, et qui j’espère continuera à l’animer.
C’est en hommage à l’excellence de cette coopération, à sa richesse, c’est aux vœux de prospérité et de bonheur pour le Sénégal et le Maroc que j’invite l’assistance à se lever, mais c’est aussi pour saluer en vous, Monsieur le Président, l’hôte illustre, lucide et généreux.